Société de secours Saint-Martin

La Société de secours Saint-Martin de Bruges
(ou cent trente années de solidarité)

Les origines

A la fin du 19 siècle, la couverture sociale n'a pas la même configuration qu'actuellement. La majorité des femmes sont cantonnées à des travaux ménagers et ne perçoivent pas de salaire. Le veuvage ou l'incapacité du mari à assurer des revenus pour le ménage, plonge rapidement la famille ainsi frappée dans d'énormes difficultés financières. Les dépenses de santé constituent une lourde charge et les ménages modestes ont notamment du mal à faire face aux dépenses pharmaceutiques.

Pour améliorer cette situation, de nombreuses initiatives voient le jour et une multitude de micro-mutuelles sont instituées le plus souvent au sein d'une même corporation ou au niveau communal. Ainsi la France compte à cette époque plus de 4500 organismes mutualistes.

A Bruges, c'est Armand Cogombles, alors maire de la commune, qui prend l'initiative de créer une telle structure. Aidé dans sa démarche par l'un de ses administrés, monsieur Landoussy, il rédige les statuts de la Société de secours mutuels Saint-Martin de Bruges et les soumet au Préfet des Basses Pyrénées (ancienne appellation des Pyrénées Atlantiques) le 25 octobre 1884.

L'agrément des statuts de la Société Saint-Martin par monsieur Robert de Massy, préfet, fait l'objet d'une décision n° 64146 en date du 16 janvier 1885.

C'est monsieur Guillot qui prend la présidence du 1er conseil d'administration, assisté de messieurs, Landoussy vice-président, Mompelat secrétaire et Ponsa trésorier.

La société adopte la devise « l'union fait la force » toujours brodée sur son emblème et symbolisée par une poignée de main figurant également sur la médaille attribuée à chaque adhérent.

 

Se distinguant des organes mutualistes de l'époque, la Société de secours mutuels de Bruges rassemble la quasi totalité des hommes du village (les femmes ne sont toujours pas admises comme adhérentes). En effet, la tradition veut que les jeunes hommes du village adhèrent à la Société lorsqu'ils deviennent conscrits.

Rapidement adoptée par les habitants de Bruges, elle devient une institution reconnue et considérée. Ses membres arborent fièrement leur médaille à la boutonnière à l'occasion de la traditionnelle fête de Bruges sous le patronage de Saint-Martin. Rendu célèbre pour avoir donné la moitié de sa cape à un nécessiteux, il symbolise parfaitement l'esprit de solidarité de la Société Saint-Martin.

Nota :D'autres mutuelles virent le jour dans la même période, telles que « la Prévoyance » pour les hommes ou « l'Immaculée » pour les femmes, mais n'eurent finalement que de brèves existences.

Evolution des statuts et maintien de l'esprit mutualiste

Dès l'origine la Société de secours mutuels Saint-Martin fonctionne dans un cadre bien précis et fait l'objet d'une gestion rigoureuse par les dirigeants successifs qui œuvrent activement au respect de l'esprit de solidarité. C'est ainsi, par exemple, que tous les membres avaient obligation d'assister aux obsèques d'un autre adhérent et « à la messe chantée en l'honneur de la Société pour célébrer sa fête, le lundi après la fête locale de Saint-Martin, patron de la Société ».

Au fil du temps, la gestion des finances de la Société est toujours assurée avec le plus grand sérieux, ce qui explique en grande partie la pérennité de l'institution La Société Saint-Martin résiste aux événements qui marquent l'histoire de France et se révèle particulièrement active à l'occasion des deux grands conflits mondiaux endurés par le pays. Les nombreux changements de statuts témoignent d'une grande faculté d'adaptation. D'un autre côté, la longévité des présidents successifs, toujours choisis parmi les membres du Conseil d'administration, leur permet de s'appuyer sur une réelle expérience favorisant la continuité propice au maintien des valeurs essentielles. Dans l'ère moderne (de 1955 à 2014), la durée d'exercice des présidents varie de 9 à 24 ans alors qu'ils ont déjà occupé précédemment des fonctions de vice-président, trésorier ou secrétaire au sein du bureau exécutif.

Les changements successifs de statuts enregistrés depuis la création visent à adapter le fonctionnement et l'organisation de la Société. Ils traduisent une prise en compte des bouleversements de la situation sociale et économique dans le pays ainsi que de l'évolution des finances de la Société Saint-Martin, le tout dans le respect d'un double mot d'ordre : maintien de l'esprit de solidarité et pérennité de l'institution.

Les buts déclarés dans les statuts fondateurs du 25 octobre 1884 méritent d'être lus avec attention car ils témoignent tout à la fois, de l'ambition du projet porté par Armand Cogombles, fondateur de la Société, et de l'étendue des besoins des citoyens de l'époque en matière de couverture sociale. 

Statuts du 25/octobre 1884 :

La Société a pour but :

  1. De donner les soins du médecin et les médicaments aux membres participants et à leurs familles habitant sous le même toit et les médicaments aux membres participants seulement pendant tout le cours de leurs maladie, sauf les exceptions indiquées spécialement dans les statuts.
  2. De payer aux membres participants une indemnité pendant la durée de leurs maladies, suivant les conditions prescrites par les statuts ;
  3. De pourvoir à leurs funérailles ;
  4. En cas de décès d'un membre participant, accorder une indemnité à sa veuve ou à ses enfants, si elle est reconnue nécessaire ;
  5. De constituer, conformément au décret du 26 avril 1856, des pensions de retraite en faveur des membres participants vieux et infirmes, hors d'état de travailler. 

La modification des statuts en date du 23 octobre 1934 :

  • ramène la prise en charge des soins du médecin et des médicaments aux seuls membres participants ;
  • réserve la prise en charge des soins du médecin et des médicaments aux seuls habitants de la commune ;
  • supprime l'indemnité initialement prévue pour les conjoints et enfants en cas de décès d'un membre participant.

L'énoncé des buts poursuivis par la Société (article 1) dans les statuts du 7 mars 1950 est étrangement laconique :

« Article 1
Une société mutualiste est établie à Bruges (Basses Pyrénées) sous le titre de Société de secours mutuels Saint-Martin n° 64-146.
Elle a pour but : Secours médicaux, pharmaceutiques et secours.

Article 2
Sont bénéficiaires : tout membre actif participant. Outre les avantages prévus par les présents statuts, les bénéficiaires peuvent recevoir des prestations servies par les œuvres et services des unions auxquelles la société est affiliée ».

Les statuts approuvés par le préfet des Pyrénées Atlantiques le 17 octobre 1986 stipulent simplement que la Société « a pour buts de participer en partie aux frais d'obsèques, de rembourser 25% de la participation de la Sécurité Sociale sur les frais pharmaceutiques ».

Ces statuts sont modifiés par décision du 3 mars 1988 et précisent que :

La Société a pour but :

« - de participer aux frais d'obsèques (1500 F)

  - de venir en aide exceptionnellement aux membres nécessiteux, sur délibération du Conseil d'administration. Ces secours seront prélevés sur les fonds disponibles, dans une limité fixée annuellement par l'assemblée générale. Elle rembourse 25% de la participation de la Sécurité Sociale sur les frais pharmaceutiques ». 

2003 : un tournant dans la vie de la Société

En 2002, pour se mettre en conformité avec une directive de la Communauté européenne, les Etats membres sont amenés à faire modifier le code de la mutualité par leurs parlements respectifs. Cette évolution législative touche directement le mouvement mutualiste en lui imposant des contraintes très lourdes. Les conditions à respecter par une structure comme la Société Saint-Martin sont draconiennes. Elle doit disposer d'un siège social ouvert cinq jours par semaine, avec présence d'au minimum un salarié à temps plein. La gestion financière doit être assurée par un comptable professionnel. Enfin une clause des nouveaux textes prévoit que toute mutuelle doit investir un capital calculé par rapport au nombre d'adhérents et aux prestations servies. Ainsi, avec ses 120 membres actifs et ses 30 membres honoraires la Société de secours mutuels Saint Martin doit justifier d'un capital s'élevant à plus de 36000 euros.

Le 27 avrill 2003, pour sortir de cette impasse, l'assemblée générale des adhérents se prononce en faveur de la dissolution la Société de secours mutuels Saint-Martin de Bruges, alors présidée par monsieur Fernand Poussimour, et la création d'une association (de type loi 1901) qui prend le nom de Société de secours Saint-Martin. Un nouvel enbleme  voit le jour. Le mot "mutuels" disparaît, mais le nom de Saint-Martin, étrangement absent de l'ancien étendard, est incorporé au nouveau. Cette entité a pour objet : de participer aux frais d'obsèques des membres actifs et d'offrir un colis de Noël à partir de 70 ans aux membres actifs et honoraires adhérents depuis au moins cinq années consécutives.

L'association déclarée en préfecture voit officiellement le jour le 13 juin 2003 avec des statuts toujours en vigueur actuellement.

Le 4 novembre 2012, après avoir présidé pendant 24 ans la Société Saint-Martin sous ses deux formules, monsieur Fernand Poussimour se retire et c'est monsieur André Carladous, trésorier depuis 36 ans, qui prend la présidence (*).

Les traditions de la Saint-Martin

Le protocole de la Saint-Martin est immuable. L'assemblée générale se réunit à l'occasion de la fête patronale de Bruges, dite « Fête de la Saint Martin », généralement au début du mois de novembre.

L'ordre du jour comprend la présentation des bilans moral et financier et le paiement des cotisations. Les membres de la Société se rendent ensuite en cortège jusqu'à l'église où ils assistent à la messe de Saint-Martin. Les pains spécialement pétris pour la Société y sont bénis par le prêtre. A l'issue de la messe un second cortège se forme pour rejoindre la salle de réunion où a lieu le partage des pains (voir les pains).

Enfin, un vin d'honneur, financé conjointement par la municipalité et la Société de secours Saint-Martin, est servi à ses membres mais également aux habitants de la commune.

Hommages

A l'instar d'Armand Cogombles, le fondateur historique de la Société, des hommes de bonne volonté, animés par le sens de la solidarité se sont succédé depuis 130 ans pour faire vivre la Société de secours Saint-Martin. L'équipe actuelle continue de porter à bout de bras cette association aux racines profondément ancrées dans l'histoire du village. Tous ces administrateurs méritent de recevoir un hommage appuyé pour leur engagement bénévole au service de cette oeuvre et pour l'exemple qu'ils peuvent transmettre aux plus jeunes.

Pour continuer à vivre et à prospérer, la Société de secours Saint-Martin, forte de plus de 130 membres, doit pouvoir s'appuyer sur l'arrivée permanente de nouveaux adhérents. A cet égard, rappelons que les conditions d'adhésion sont simples puisqu'il suffit d'avoir 18 ans au minimum et 40 ans au maximum, et être de nationalité française. L'adhésion au-delà de l'âge de 40 ans est possible en qualité de membre honoraire.

 

(*) Remerciements à Monsieur André Carladous, président de la Société de secours Saint-Martin pour ses précieux témoignages et l'abondante documentation mise à la disposition du rédacteur.
G. Rouillon 14/10/2014

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